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Dans la tradition chamanique Amazonienne, lorsqu’un apprenti suit la voie du curandero (« guérisseur »), il effectue des diètes qui lui permettent de se connecter aux esprits des plantes. Dans ce moment de profonde communion et de méditation,  en isolement total, il peut alors recevoir des icaros, des chants de guérison que lui enseignent directement les plantes qu’il diète.

J’aimerais aujourd’hui partager avec vous un icaro personnel, que j’ai reçu lors de mon apprentissage chamanique. Cet icaro est une prière à l’esprit du Tabac (ou Mapacho), plante maîtresse très puissante et centrale dans le chamanisme Amazonien.

Le Tabac est une plante qui ancre, qui calme, qui nettoie et qui protège. Elle est utilisée de nombreuses façons : soit en sopladas (on souffle la fumée du tabac sur la personne que l’on soigne), soit en décoction purgative, soit en poudre à priser (appelée Rapé – prononcer Hapé). Le Rapé associe le Mapacho à différentes plantes ou cendres d’arbres, et de nombreuses recettes existent en fonction des tribus et des préparateurs. C’est une médecine très puissante, qui calme l’esprit et ouvre le cœur.

C’est en travaillant avec le Tabac que j’ai reçu un jour cet icaro, que j’utilise maintenant régulièrement en soins et lors de cérémonies. Il est très efficace lorsque les énergies sont trop intenses ou chaotiques, et il amène sérénité et ancrage.

En Amazonie, certains chamanes ne veulent pas partager les icaros qu’ils ont reçu des plantes. Un peu comme un trésor de guerre, ils les conservent jalousement, et ne font parfois que les murmurer pour éviter qu’on les leur vole. Pourtant, cela fait quelques semaines que je reçois le même message lorsque je prie avec le Tabac ou que je fais une cérémonie de Rapé : il est temps maintenant pour les plantes de diffuser largement leur énergie bienfaisante, leur sagesse et leur science. Dans ces temps particulièrement troublés, le Mapacho m’a demandé de partager cet icaro, pour aider ceux qui auraient besoin de calmer leurs peurs, leur agitation mentale ou leur anxiété.

J’ai donc décidé d’aider, à mon humble niveau, l’esprit du Mapacho à diffuser son énergie. Un soir, j’ai fait une cérémonie de Rapé pour bien me connecter à l’esprit de la plante, je me suis installé non loin d’une rivière (que l’on entend en fond sonore), et j’ai enregistré ce chant. Merci aussi aux grillons pour leur accompagnement. Dans cette période délicate de notre histoire, puisse cet icaro vous permettre de rester dans l’œil du cyclone.

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Magnifiques illustrations de Luis Tamani : https://www.luis-tamani.com